Nous nous tenons très près les uns des autres pour s’assurer de conserver notre place dans la file. Il n’est pas rare ici d’entrer dans une boutique et de patienter pour être servi quand un Bobolais entre à son tour et se place devant pour demander. Aucune culpabilité ou remords, ici, c’est la loi du plus fort qui règne!
Il est présentement 22h30, après 2 heures d’attente, un conflit avec des gens qui nous dépassaient sans scrupule, nous entrons. Là, nous avons tous l’image d’une belle grande ligne qui avance tranquillement, où des personnes civilisées attendent leur tour pour prendre place dans une salle de concert. Oubliez le petit confort canadien. Tout le monde se rue vers la petite porte, tous poussent, dépassent, se frappent. Je suis alors portée hors sol, j’arrive à peine à respirer jusqu’à ce qu’un gardien me tire la main pour me sortir du troupeau. Quelle expérience et elle n’est pas à son comble!
Les estrades se remplissent tranquillement. Je sens mon visage distinct parmi cette marrée d’hommes noirs. Nous sommes les 3 seules blanches parmi la foule! La publicité ensuite est nombreuse, des chanteurs inconnus émergent de l’arrière-scène micro à la main venant faire une démonstration de leur immense talent de « lipsinger »!!
1 heure du matin, 6 heures de retard, voilà qu’apparaît enfin Floby, celui pour lequel nous avons enduré ce misérable scénario. Le chanteur est généreux, a une voix à envier et drôle par-dessus tout! La dernière chanson, Kadjatou, le hit du chanteur clôture le spectacle. À peine commencée, le public quitte la salle sans remercier son hôte. Quand j’ai posé la question à un ami burkinabé, il m’a répondu que si nous étions restés, nous aurions gâché le moment!!?? J’ai vu plus tard qu’ils font la même chose lorsqu’ils quittent une fête, ils partent sans rien dire pour éviter de « briser le rythme de la soirée »!??
Le retour en moto se fait rapidement, poussés par le vent, l’air des dernières chansons dans la tête. Mon coeur est toutefois balancé entre le sentiment d’avoir eu une belle soirée et celui d'avoir vécu un moment d’intense déstabilisation!